La liberté de choix est un concept récent quand on met en perspective son apparition et l’échelle de l’histoire humaine. Être libre implique d’assumer les conséquences et la responsabilité de ses propres choix, ce qui n’est pas commode pour tous. Il est bien plus confortable de se laisser guider par les injonctions familiales ou sociales plutôt que d’aller à contre-courant. En effet, quand on ne prend pas ses propres décisions on peut facilement blâmer autrui pour ses échecs tout en ne subissant pas une pression sociale défavorable. Les moutons noirs des familles doivent lutter souvent contre vents et marées parfois à leurs risques et périls, le tout pour vivre une vie qui est quelque peu différente des autres. La liberté est dangereuse puisqu’elle bouscule le statu quo et peut être le germe d’une rébellion plus grande, c’est pourquoi bien souvent, ces velléités sont étouffées dans l’œuf par un entourage désapprobateur et tourmenté.
La non-liberté est confortable, elle permet de s’abstenir de penser. Penser est une menace pour le groupe qui n’a pas l’habitude de le faire. Penser, c’est remettre possiblement en cause un ordre établi, penser c’est révolutionnaire. Pourquoi y a-t-il tant de gens parmi nous qui choisissent une vie prédéterminée ? Tout simplement parce que la vie est compliquée voire complexe et choisir la liberté implique de rajouter une dose de complexité. Agir selon ses propres conventions nous expose à la vindicte populaire qui ne supporte pas de voir quelqu’un qui, par ses seuls actes, remette en cause la vie conformiste du troupeau. Les rebelles sont avant tout pourchassés par leur entourage direct car ils ont en face d’eux un miroir qui leur renvoie leur propre orthodoxie voire leur couardise. Les dissidents sont attaqués parce que leur liberté est une provocation à tous ceux qui n’ont jamais eu le cran de vivre une vie qui sorte des traditions.
La liberté est cela dit galvaudée. Celle qui est tant vantée dans les pays dits développés n’est que trop souvent un conformisme déguisé en liberté de consommer. La vraie liberté est rare parce qu’elle implique un risque. Une liberté sans risque n’est pas la liberté. À tous ceux qui se croient libres, demandez-vous si vous l’êtes vraiment ou bien êtes-vous bercés d’illusion ou de propagande ? “La liberté ne se donne pas, elle se conquiert”. Qu’avez-vous fait pour conquérir votre liberté ? Quelles luttes avez-vous menées ? Avez-vous risqué votre vie ou remis en cause un establishment ? Si vous ne pouvez pas répondre précisément à ces questions, c’est que votre liberté a été léguée et donc que vous vivez un succédané de liberté.