Les institutions religieuses ont eu à cœur de récupérer et de s’approprier les enseignements de maîtres éclairés, bien souvent à des fins politiques. Toutefois, ces mêmes institutions proposaient un cadre favorable à l’acceptation des troubles de la condition humaine tout en proposant une manière de s’en émanciper.
Si l’on regarde cette approche d’un point de vue psychanalytique, on pourrait constater que les institutions religieuses proposent d’enseigner à leurs adeptes deux des mécanismes de défense établis par Freud : l’idéalisation et la sublimation.
Qu’est-ce qu’un mécanisme de défense ?
Selon le site : https://www.consultabaekeland.com, il s’agit de :
“méthodes, principalement inconscientes, que les individus emploient pour se défendre des émotions ou des pensées qui produiraient de l’anxiété, des affects dépressifs ou une blessure dans leur estime d’eux mêmes, s’ils arrivaient à la conscience.”
L’existence humaine conduit à divers troubles dont il faut se protéger si l’on ne veut pas mener une vie misérable. Ces mécanismes de défense que déploie notre cerveau ne sont pas tous sains pour autant. Observons-en quelques-uns, toujours d’après le site https://www.consultabaekeland.com :
Exemples de mécanisme de défense primaire :
- Le repli sur soi : C’est une manière de rentrer à l’intérieur de soi pour s’éloigner de la réalité en se réfugiant dans le monde des fantasmes et du sommeil. Un exemple facilement observable est celui d’un bébé angoissé ou bien sur stimulé qui se protège en s’endormant. Cette défense permet à l’individu de s’échapper d’une réalité douloureuse sans la dénaturer et généralement elle ne crée pas de malentendus au moment de l’interpréter. En revanche, son usage excessif limite considérablement la possibilité de prendre en charge la réalité.
- L’idéalisation se manifeste dans le besoin d’accorder une valeur ou bien une puissance spéciales à une personne dont l’individu dépend émotionnellement afin de pouvoir s’associer à quelqu’un d’omnipotent et omniscient qui résoudra toutes les difficultés de manière définitive. La dévalorisation est le revers de la même médaille et exprime la frustration qui est ressentie lorsque la réalité dément l’idéalisation. Tout amour a une graine d’idéalisation.
Exemples de mécanismes de défense secondaire :
- La rationalisation est une manière de trouver des raisons pour un acte qui serait vécu comme un conflit sans ces raisons ; elle entre en jeu lorsque l’individu n’obtient pas ce qu’il voulait et décide que finalement il ne le voulait pas autant que ça, ou bien quand quelque chose se passe mal et l’individu décide rétrospectivement que ce n’était pas si mal. Cette défense permet d’accepter les choses avec un minimum de ressentiment, mais son abus peut conduire à ce que tout soit rationalisé.
- La sublimation est une façon de trouver une satisfaction dérivée et adaptative des pulsions qui ne peuvent pas être exprimées directement à cause des interdictions sociales ; un chirurgien peut sublimer son agressivité, un artiste son exhibitionnisme et ainsi de suite. L’avantage de la sublimation est qu’elle permet la décharge (déplacée et transformée) de la pulsion au lieu de la combattre.
liste complète disponible : https://www.consultabaekeland.com/p/fr/psychologue-madrid-faqs/mecanismes-de-defense.php
Cette dernière est intéressante. Dans une mesure nous pouvons dire que les institutions religieuses offrent à la fois le cadre moral (les interdits religieux par exemples) et les outils psychologiques destinés à surmonter les frustrations ou l’anxiété créés par ce même cadre moral.
Ceci crée une inévitable dépendance de la communauté vis-à-vis de l’ordre religieux. D’une part, ceux qui n’obéissent pas aux règles définies sont bannis de fait par la communauté. D’autre part, ceux qui adhèrent aux règles établies mais qui n’appliquent pas les préceptes prônés (les mécanismes de défense) souffrent de leur incapacité à s’émanciper de leurs pulsions, lesquelles sont réprimées par l’ordre moral.
Cette configuration est redoutablement efficace de sorte que l’entièreté d’une société peut se retrouver sous l’emprise d’un ordre religieux.
Tout pouvoir religieux n’est pas mauvais en soi, de fait les pouvoirs laïcs ne sont pas nécessairement meilleurs. En effet, ces derniers, bien que proposant un cadre moral moins rigide, ils ne proposent bien souvent que des mécanismes de défense “inférieurs” en substance à celui de la sublimation. À ce titre, les mécanismes de défense proposés par les ordres laïcs sont souvent l’intellectualisation, la rationalisation, la compartimentation ou encore la sexualisation.
Dans quelle mesure la sublimation est-elle supérieure aux autres ?
La réponse se trouve dans la définition susmentionnée : l’avantage de la sublimation est qu’elle permet la décharge (déplacée et transformée) de la pulsion au lieu de la combattre.
La sublimation permet une éradication de la pulsion, vers un autre lieu alors que les autres moyens développés par le cerveau ne proposent pas cette option. De fait, l’angoisse n’est jamais vraiment éradiquée, elle reste là en toile de fond, ce qui en fait un mécanisme de moindre grande valeur que la sublimation.
Bien que la sublimation existe dans la configuration proposée par le modèle de sociétés dites modernes, notamment à travers la production artistique. Celle-ci n’occupe pas une place aussi centrale que celle qu’elle occuperait au sein de sociétés dominées par des valeurs religieuses. C’est pourquoi, on peut conjecturer, comme l’avait Freud auparavant que tant qu’une société n’a pas intégré un haut niveau de sublimation, a fortiori de valeurs spirituelles, elle n’a pas atteint un niveau de maturité suffisant en tant que civilisation, bien qu’elle se définisse comme étant moderne. Ainsi, la civilisation idéale est peut-être une hybridation de sociétés bénéficiant des prouesses scientifiques et artistiques proposées par les sociétés laïques tout en ayant accès à l’élévation des sociétés spirituelles.