Selon la tradition hindoue, il existe 3 gunas, trois penchants naturels présents en chacun de nous : tama, raja et satva. Chacun de ces 3 gunas nous fait tendre respectivement vers l’ignorance (/ l’indolence), le désir et l’harmonie. Quelqu’un qui aspire à progresser dans la voie de la sagesse et de la spiritualité doit réduire au minimum les traces de tama et raja pour ne laisser place qu’à satva. À terme, il devra même s’émanciper des 3 gunas s’il souhaite s’unir au divin (yoga).
D’autre part, selon les textes hindouistes, le monde peut être caractérisé par une réalité immuable, non matérielle et non perceptible : Purusha. À l’inverse, il existe une réalité changeante sur laquelle il ne faut pas s’attarder car elle nous détourne de la vérité Prakriti (illusion). Quelqu’un qui arrive à se conformer avec le divin, en arrivant notamment à discerner le Purusha du Prakriti, pourra exprimer sa nature lumineuse, elle-même aux antipodes de tama.
Pour aspirer à un certain degré de paix intérieure, il faut éviter tama et autant que possible de libérer de raja. Voyons ensemble les différentes formes que peut prendre tama.
Tama dans le corps
La nutrition
Tama est avant tout un concept qui s’est démocratisé par son usage dans l’alimentation. Il existe une corrélation immédiate entre ce que nous mangeons et la manière dont nous pensons, c’est pourquoi il est nécessaire de faire attention à ce que l’on avale.
Tama se caractérise par l’inactivité, l’indolence, la léthargie ou encore l’inertie. En un mot, lorsque tama domine en nous, notre niveau énergétique est au plus bas. Une alimentation qui développe la vitalité (satva) est caractérisée par une abondance de produits frais et nutritifs. À l’inverse, une nourriture pauvre énergétiquement se caractérisera par des produits fermentés (alcool, charcuteries, certains fromages etc.) et pourra nous mettre dans un état psychique particulier (consommation de café, de produits excitant en tout genre etc.) comme l’excitation ou le doute.
Tout ce qui intoxique le corps et abaisse votre vitalité est à proscrire, que ce soit par l’alimentation ou pas. Ainsi, toutes les drogues sont contre-indiquées. Même si elles peuvent donner l’impression d’une augmentation de votre vigueur pendant un certain temps, elles causent toujours des effets négatifs plus grands (back trip, dépendance ou nervosité).
Votre corps se comporte comme une graine plantée dans un jardin : votre but n’est pas de modifier cette graine (comme le sont les OGM) mais plutôt de créer l’environnement favorable pour qu’elle pousse dans les meilleures conditions. Si vous lui donnez suffisamment d’eau, d’engrais naturels, d’exposition au soleil, elle donnera le meilleur d’elle-même. Un corps humain fonctionne ainsi, si vous lui donnez suffisamment de sommeil, d’eau et une bonne alimentation, il sera à son meilleur niveau de performance.
Ne pas vouloir précipiter les choses
Le piège dans lequel on peut être amené à tomber, c’est de vouloir obtenir des résultats accélérés en ne tenant pas compte du rythme normal de notre biologie cellulaire et corporelle. C’est en voulant trouver des raccourcis que l’on fait le plus de dégâts. Le corps est comme une plante, il ne sert à rien de tirer sur ses branches pour qu’elle pousse plus vite, vous ne ferez que l’abîmer.
Tama dans l’esprit
Ne pas céder à tama dans son esprit implique de combattre l’ignorance et la morosité des pensées. Pour ce faire, il convient de cultiver la lumière. Celle-ci peut prendre plusieurs formes, l’une d’entre elles est la connaissance. Cela implique d’avoir une démarche sincère d’amélioration personnelle, de son esprit par l’acquisition de savoirs qui peuvent entrer parfois en conflit. L’idée n’est pas d’avoir une réponse à tout mais plutôt de faire fonctionner notre cerveau comme le moteur d’une voiture en fonction tourne pour éviter qu’il ne s’encrasse. Par le raisonnement déductif et la confrontation avec des idées nouvelles, on peut progressivement s’écarter du tama mental. Au-delà de la lecture éclairée, il existe des pratiques conseillées pour développer satva dans son esprit : la méditation et les asanas. Chacune de ces deux pratiques nous aide à clarifier nos pensées et ainsi d’éloigner tama.
Tama dans le cœur
Le cœur est un organe symbolique en ce qu’il représente nos émotions qui elles siègent dans notre cerveau même s’il existe un réseau “de neurones” à travers notre corps qui peut lui aussi capter des informations sous la forme d’émotions. Avoir tama dans son cœur implique d’être aux prises avec des émotions négatives qui conduisent à nous rendre toxique. Typiquement, cela veut dire être dominé par des émotions qui se situent en deçà de l’indifférence dans le spectre défini par David R. Hawkins dans son livre Puissance vs Force.
source : https://www.masculinedevelopment.com/live-life-fearlessly-transcending-old-world-view/
Tama dans la parole
La parole n’est bien souvent que l’émanation de ce qui se passe dans notre tête, aussi est-il bien plus efficace de contrôler son niveau émotionnel (et vibratoire) afin d’avoir de bonnes paroles. Quelqu’un qui est dominé par la haine ou le ressentiment aura beaucoup de mal à s’exprimer avec amour et sagesse : ces deux idées sont beaucoup trop éloignées de l’émotion qui le domine. Quelqu’un qui est dominé par des émotions viles ne pourra s’exprimer qu’avec une relative hypocrisie des émotions “hautes”.
Tama dans l’action
Pour se prémunir d’agir selon l’influence de tama, il faut donc au préalable se purifier au niveau de son esprit. Ensuite, lorsque l’on a pu rétablir la divinité qui est en nous, il faut simplement agir de manière désintéressée quant au fruit de nos actions (karma yoga). C’est-à-dire qu’il faut offrir ses actions au divin comme on réalise des offrandes sur un autel cérémonial.
Pour résumer :
Selon l’hindouisme, il existe 3 tendances ancrées en chacun de nous qui nous poussent tantôt vers l’ignorance / indolence, le désir ou vers l’harmonie. Chacune des tendances s’appelle guna et elles portent respectivement le nom sanskrit de tama, raja et satva.
Pour être en accord avec le divin qui sommeille en nous, il faut autant que possible limiter l’expression de tama qui peut prendre diverses formes : mentale, émotionnelle et au travers du prisme de la parole et de l’action.
Contrôler ses pensées et ce que l’on mange peut nous aider à nous établir fermement dans satva.