C’est un mot qu’on entend peu aujourd’hui, pourtant la “luxure” a fait durablement l’objet de débats théologiques et sa dénonciation était monnaie courante il n’y a pas si longtemps que cela. La disparition de ce terme de la bouche des gens n’est pas le signe de la disparition du phénomène, bien au contraire, il montre que la luxure a tellement imprégné nos sociétés qu’elle passe aujourd’hui inaperçue.
La plupart d’entre vous savent bien que la luxure est l’un des sept péchés capitaux établis par l’Église catholique. Il en est ainsi de tout péché qui nous détourne de Dieu, en somme tout ce qui relève de l’idolâtrie est assimilable à un péché d’ordre capital. Pour rappel, voici la liste des 7 péchés capitaux ainsi qu’une explication détaillant la raison pour laquelle chacun constitue une forme de détournement de Dieu :
l’avarice : il s’agit d’un attachement trop prononcé pour l’argent ou les biens matériels. Être avare, c’est placer la réussite financière dans son cœur au lieu de se rapprocher de Dieu.
l’envie : c’est désirer autre chose que la bénédiction de Dieu, c’est convoiter le bien de son prochain, c’est là encore un détournement de lui par manque de confiance en ce que Dieu nous réserve.
la paresse : elle s’appelait à l’origine l’acédie qui est plus spécifiquement la paresse spirituelle, c’est-à-dire le manque d’effort que l’on consent pour se rapprocher de Dieu par la prière, l’étude des textes religieux, la pénitence ou le jeûne.
la gourmandise : c’est de faire de son ventre et non son cœur le commandeur de notre vie. C’est un sacrilège en ce qu’il nous réduit à une dimension purement animale qui nous détourne encore de la recherche de Dieu et de ses bénédictions.
l’orgueil : c’est la vénération de soi. L’orgueil témoigne par définition d’un manque d’humilité, qualité essentielle pour se rapprocher de Dieu et bénéficier de ses bonnes grâces. Il s’agit là encore d’une forme d’idolâtrie.
la luxure : c’est la vénération du corps humain. C’est le désir sexuel dépourvu de noblesse ou de sanctification. C’est le désir de réaliser un acte sans être en communion avec Dieu.
La luxure détourne notre regard de Dieu.
la colère : elle témoigne d’un manque de patience et en fin de compte d’un manque de croyance en Dieu. Si on est en colère, c’est qu’on doute des bénédictions de Dieu, c’est le signe que nous ne sommes plus tout à fait dans la communion avec Dieu et que nous avons placé quelque chose ou quelqu’un d’autre avant.
La luxure peut prendre différentes formes, mais elles ont toutes pour conséquence de nous rendre insatisfaits parce qu’elles nous détournent de la sanctification, seule garante de la plénitude. Aussi insidieuses soient-elles, les manifestations de la luxure sont nombreuses :
• regarder quelqu’un comme si c’était de la viande
• avoir des fantasmes auprès de quelqu’un avec qui on n’est pas en couple
• être submergé de pensées sexuelles ou être souvent distrait par elles
• regarder des films érotiques ou pornographiques
• etc.
Le plus souvent nous sommes invités contre notre gré à entretenir des pensées lascives. La musique, le cinéma, l’art en général cultivent une forme de luxure la rendant acceptable et même désirable. À ce titre, les chansons d’amour ne parlent pas en réalité presque jamais d’amour, mais plutôt des conséquences néfastes de la passion et de la luxure sur la nature humaine. La culture de masse a réussi à pervertir toute une société en recourant à ce tour de passe-passe : elle appelle “amour” ce qui n’est en réalité que luxure et “liberté”, ce qui n’est en réalité que dépravation.
Alors on comprend bien pourquoi la jeunesse est déboussolée et erre dans tous les sens au gré de ses penchants. Il y a un manque d’ossature morale permettant aux gens de garder leur dignité. Le remède à tous ces maux, à commencer par celui de la luxure, c’est d’arrêter un temps de s’exposer à cette culture de masse dépravante. Il faut faire une certaine ascèse pour recouvrir à la fois clarté spirituelle et morale pour prendre conscience de ces vices dont nous étions jusqu’alors imprégnés. Revenir aux sources par la lecture des écrits religieux et en méditer les enseignements peut être un bon commencement.