On peut se passer de tous les livres, or tous les livres sont indispensables pour vivre et aimer vivre. Hafid Aggoune
À l’ère de YouTube et d’Instagram, le livre semble quelque peu avoir perdu de sa superbe. Le texte reste bien sûr présent, ne serait-ce que dans les e-mails que l’on reçoit, les titres de vidéos qu’on fait encore l’effort de lire, les tweets dont les phrases sont délimitées au caractère près ou bien la presse en ligne qui à survivre malgré ces nouvelles tendances etc.
Un “hard skill” ou “savoir-faire professionnel” est selon Wikitionnaire une “Compétence acquise dans un ou plusieurs domaines de spécialité, précisément évaluable et transmissible, mise en œuvre dans un milieu professionnel.”
Il est difficile de totalement faire correspondre cette définition avec la capacité de lire des livres étant donné que la lecture peut s’appliquer à tous les champs de la vie qu’ils soient professionnels ou pas. D’autre part, son évaluation et sa transmissibilité semblent assez relatives. En outre, lire est une aptitude plus qu’une compétence. Cependant lire des livres peut être envisagé comme une compétence si on considère les éléments suivants :
Dans un monde où la porosité entre la vie professionnelle et personnelle s’accentue, il est somme toute logique que des savoir-faire professionnels envahissent la vie personnelle et inversement. La lecture de livres est à l’origine liée à la transmission d’un savoir qu’il soit scientifique, philosophique ou théologique. De ce fait, elle ne s’adressait pas à tous et on peut dire qu’il intervenait dans un domaine spécialisé et restreint. Ainsi, à l’origine, la lecture de livres valide la première partie de la définition susmentionnée.
Le fait qu’une compétence dure soit évaluable répond essentiellement à un critère : l’habitude.
Un savoir-faire professionnel se forge par la répétition, c’est-à-dire la pratique délibérée. Il en va de même pour la lecture. Bien entendu, les critères d’évaluation sont au bout du compte moins nombreux que pour des compétences dures plus “classiques”, néanmoins, ils existent. À ce titre, on peut citer la fréquence de lecture ou le nombre de livres lus chaque année. Plus ces chiffres sont grands, plus ils traduisent l’idée d’être un point fort dans notre mélange d’attributs professionnels (la somme de nos compétences, aptitudes et savoir-faire).
La transmissibilité existe, mais elle va au-delà du simple fait de savoir-lire. Toute personne qui sait lire, ne lit pas forcément de livre. C’est une transmissibilité plus subtile, moins évidente que l’enseignement de la programmation par exemple car elle est culturelle ou se fait par imitation. On se met à lire des livres parce que des gens nous ont influencés d’une manière ou d’une autre ou tout simplement parce que nous avons pris conscience de la valeur des trésors qu’ils renferment.
Lire des livres est d’autant plus une compétence dure que c’est devenu quelque chose de difficile à faire dans un monde où la distraction audiovisuelle ou photographique est omniprésente. Elle peut se révéler être un avantage comparatif indéniable sur le plan professionnel et une source de plaisir simple sur le plan personnel.