Nous nous rendons tous compte que la vie de couple n’est pas toujours une panacée. Autrefois, les mariages étaient solides puisqu’ils avaient avant tout pour fonction d’assurer la sécurité des conjoints et de leur famille respective (parents etc.). En outre, ils permettaient d’avoir une place dans la société qui était avant tout façonnée par des valeurs elles aussi familiales. L’incapacité de trouver un conjoint et de fonder une famille pouvait être une source de bannissement ou du moins la marque de la perte d’un statut. Aujourd’hui, on constate que les piliers du couple traditionnel se sont effondrés. On ne se met moins en couple pour la recherche de sécurité ou de statut sinon davantage pour assouvir un besoin d’accomplissement. Là peut être le drame. Un besoin de réalisation est beaucoup exigeant qu’une satisfaction de nos besoins de sécurité ou d’appartenance.
La sécurité matérielle et sociale dont jouissent la plupart des individus est une arme à double tranchant : ils deviennent plus exigeants quant à ce qu’ils attendent de leur couple. Ceci les pousse à ne pas s’installer dans une relation qui ne les satisfait que moyennement comme cela a pourtant longtemps été. En revanche, cette quête de réalisation personnelle fait que les couples heureux d’aujourd’hui le sont plus que ceux d’hier.
Le poids qui repose sur chacun des conjoints est donc énorme : ils doivent permettre à leur partenaire de réaliser le sens ultime de leur vie. Autrefois, cette recherche était en quelque sorte externalisée puisque c’était le rôle des religions. L’accomplissement passait souvent par une recherche de la transcendance et son intermédiation que constitue le clergé. Bien sûr le conjoint pouvait aussi exercer une pression de pair dans ce domaine mais ce n’était pas le but premier du mariage.
La vie célibataire étant aujourd’hui socialement plus acceptable et même parfois prônée, on comprend bien que la vie de couple doive véritablement être un catalyseur de nos potentialités, du moins, c’est ce que nous en attendons. Ainsi, au moindre désagrément, à la moindre contrariété, on en se met à comparer sa vie de célibataire et les bienfaits qu’elle apporte. Ce jeu des comparaisons n’est pas sain si c’est une manière de fuir le problème que l’on rencontre. Les frustrations rencontrées sont autant de défis à relever pour améliorer ou changer ce qui ne va pas. Il faut simplement se demander si nous incarnons ce catalyseur de potentialité pour notre conjoint. Si tel n’est pas le cas, il faut corriger cela ou bien en tirer les conclusions nécessaires. Il faut savoir être humble, un problème ne se crée jamais que d’un côté, le couple implique nécessairement de l’interdépendance, il engendre aussi de la coresponsabilité.