Il y a selon la tradition hindoue, trois types de bonheur : un bonheur égoïste, indifférent à celui des autres et un autre contribuant à celui des autres.
Ce qu’on nous montre souvent comme image du bonheur, c’est finalement un bonheur égoïste, fait de consommation d’objets de luxe où l’individu est porté au pinacle. Pourquoi est-ce égoïste ? D’une part, parce que la consommation de produits de luxe s’accompagne d’externalités négatives en matière d’effet sur l’environnement et d’autre part la réussite n’est jamais exclusivement le fruit de la volonté d’une personne.
Par ailleurs, pourquoi une telle mise en scène ? Sans doute parce que ce sont les valeurs occidentales qui dominent à l’échelle globale. Celles-ci sont organisées autour de l’idée de liberté et du modèle du self-made man.
Les habitants des pays moins développés vivent souvent de manière frugale ce qui a un impact sur le bonheur global puisque leur frugalité permet la coexistence de milliards de personnes. Le problème est qu’on nous pousse à désirer un bonheur égoïste au niveau global, que ce soit par les films ou les réseaux sociaux comme Instagram. Que se passera-t-il quand le monde entier mènera un train de vie luxueux ?
Rien, parce que cela ne pourra jamais être possible, les ressources planétaires ne le permettent pas. Si une poignée d’hommes et de femmes vivent dans le luxe et l’opulence, c’est avant grâce à l’immense majorité qui vit sobrement. C’est parce que des milliards de gens trouvent leur bonheur dans une vie intérieure que quelques individus peuvent trouver le leur dans une consommation démesurée et irresponsable.
Combien de temps va-t-on continuer à promouvoir un mode de vie égoïste pour entretenir un monde de consommation ?
Les vrais héros du quotidien ne sont pas ceux qu’on peut observer sur le net ou le petit écran. Au contraire, ce sont celles et ceux qui vivent dignement et simplement en participant silencieusement au bien collectif par les efforts et les sacrifices qu’ils consentent.
Bien sûr les mettre sous le feu des projecteurs n’a pas d’intérêt mercantile étant donné qu’ils nous inciteraient à réduire notre consommation plutôt que tout autre chose. Pourtant, le salut global passe par une attention toute particulière portée à ces individus qui vivent heureux et sobrement.
Pour changer de monde, il faut changer de modèle. Nous avons peut-être plus de chance cette fois-ci car on possède sans doute tous dans notre entourage un champion de la frugalité sur qui prendre exemple, des héros bien réels dont on peut s’inspirer et non plus des vedettes de pacotille sur des écrans rétro-éclairés ou des papiers glacés.