Nous sommes plus qu’un sexe, qu’une langue, qu’une nationalité,qu’une religion, qu’une conviction politique, qu’une orientation sexuelle, qu’un métier, qu’une espèce (l’humain en l’occurrence), qu’un régime alimentaire (omnivore ou végétarien ou etc.) etc.., nous sommes des êtres de conscience et de réflexion. A vouloir trop penser selon une identité particulière, on en vient à ne plus pouvoir penser les choses vraiment, avec neutralité voire honnêteté intellectuelle, on devient enfermé dans une identité qu’on s’est soi-même construite ou que l’on nous a léguée comme un fardeau. Le problème de se penser en -iste (bouddhiste, nationaliste, socialiste, pacifiste etc.) est que nous nous confinons dans une mode de pensée qui dresse des murs entre nous et les autres. Il est bon d’avoir un modèle à suivre, mais il est mauvais de faire de ce modèle sa vérité, la vérité qu’on souhaite imposer aux autres, au risque de manquer d’empathie et de finalement n’être que le fruit d’un conditionnement. Nous sommes tous conditionnés par le milieu et l’environnement dans lequel nous avons grandi. Cependant, il convient que l’héritage culturel, religieux etc. de ce milieu soit une richesse ouverte, comme un puzzle incomplet qui s’enrichit du puzzle des autres. Le hic est que souvent, nous mettons un cadre fermé à ce puzzle, pensant qu’il est terminé, car nous avons établi les limites de ce que nous sommes et finalement nous nous sommes fermés au monde. Alors, quand nous réduisons notre puzzle, nous empêchons aux autres de pouvoir prendre des pièces de celui-ci, et par conséquent eux aussi deviennent plus pauvres et parfois ils dressent à leur tour des barrières autour d’eux. Notre repli identitaire crée un repli identitaire, de même que leur repli identitaire crée notre repli identitaire. Chacun alors lève ses boucliers pensant que ce patrimoine est en danger devant la fermeture et l’intransigeance des autres.
Il est difficile de ne pas développer une identité rigide parce qu’on nous demande toujours de nous définir ce que nous sommes par rapport à des choses rigides alors qu’on pourrait refuser de le faire.
Devenir comme l’eau
Penser comme l’eau qui pour prendre la forme d’un objet doit être malléable à souhait. Pour penser une doctrine, de la même manière, il faut que notre esprit puisse se réduire à de fines particules qui pourraient se faufiler et ainsi saisir dans son essence l’idée, sans cette flexibilité, nous restons à la surface des choses et finalement nous ne sommes pas la meilleure incarnation qui soit de ce que nous sommes censés représenter.