Marc Aurèle, qualifié d’empereur philosophe était l’homme le plus puissant du monde en 161 après Jésus Christ puisque l’empire romain à la tête duquel il se trouve est à son apogée. Bien que résolument doté d’un pouvoir immense, ses questionnements et réflexions font de lui une personne profondément sensible à la condition humaine. S’étant rapproché du stoïcisme grec par ses lectures et ses précepteurs, il reprend le flambeau de ce courant philosophique auquel il apporte une contribution substantielle publiant une collection de réflexions regroupées dans un ouvrage intitulé Méditations. Voyons ensemble les idées clés à retenir de son œuvre.
1- Le mal ne nous atteint que s’il corrompt nos valeurs
Le mal est une expérience universelle, il croise notre chemin de façon quotidienne et ce, à divers degrés. On peut voir le mal sous différentes formes, il peut s’agir de micro-agressions, d’une réelle volonté de nous nuire ou encore de simples négligences à l’encontre de notre personne. Le mal est une réalité qu’on ne peut nier, néanmoins il n’a d’emprise sur nous qu’à partir du moment où il pénètre notre cœur. Tant que le mal est extérieur, nous pouvons lui résister. Pour vivre en harmonie dans un monde pernicieux, il faut pouvoir rester imperméable à son égard. Même si nous subissons l’injustice, il ne faut pas que notre réponse soit elle-même empreinte de malhonnêteté ou de corruption.
2- Contrôler l’adolescent qui est en nous
On a tous en nous un adolescent qui somnole, qui souhaite se laisser aller à ses désirs, à ce que la paresse prenne le dessus. Maîtriser l’adolescent revient à faire preuve de discipline et à s’efforcer de tendre vers un idéal plus haut que celui d’assouvir nos besoins les plus élémentaires. Imaginez que votre êtes est un navire et que chacune des entités qui le composent est représentée par des membres d’équipage. Les matelots qui travaillent dans les cales du bateau aident à sa propulsion, mais ils sont aveugles, ils ont besoin d’être guidés par le capitaine qui est aux commandes. Vous l’aurez peut-être compris, les matelots représentent vos passions alors que le capitaine représente votre esprit et votre noblesse. Si les matelots – les passions – sont nécessaires pour avancer, ils ont besoin d’être guidés par un capitaine – esprit – clairvoyant qui leur montre la direction correcte à emprunter. L’adolescent aura au contraire tendance à négliger son esprit et laisser ses passions le guider alors que celles-ci sont aveugles tout autant que les matelots travaillant dans la pénombre de la cale de leur navire.
3- Avoir à l’esprit l’existence de la mort pour que les soucis quotidiens perdent de leur importance
Devant la mort, tout s’efface. Si vous avez tendance à vous inquiéter pour des choses qu’elles soient futiles ou non, rappelez-vous l’inéluctable marche du temps qui aboutit à une mort certaine. Si vous faites l’effort de mettre dans la balance vos tracas et la réalité de la mort, vous arriverez à vous détacher progressivement de vos plus grandes angoisses, qu’il s’agisse du regard des autres qui pèse sur vous ou la frustration de ne pas avoir atteint vos objectifs par exemple.
4- Interpréter les choses qui nous arrivent de manière positive
Il y a plusieurs façons d’aborder les mésaventures. Vous pouvez décider de ressortir amer ou au contraire d’en ressortir grandi. Tout ce qui vous arrive de bien comme de mal peut se révéler être un matériau incroyable pourvu que vous ayez à la fois l’œil, le cœur et l’esprit de le transformer en or. Si vous êtes suffisamment sage, vous pouvez toujours trouver une manière nouvelle d’aborder une situation en apparence négative avec un regard empreint de gratitude et apprendre à devenir meilleur
5- Les problèmes sont créés dans l’esprit
Bien souvent, c’est notre esprit qui amplifie les choses jusqu’à ce qu’elles prennent une tournure incontrôlée. Prendre le temps de reconsidérer les choses et “rejouer le film” dans notre esprit peut nous aider à voir les choses telles qu’elles sont et de ne pas amplifier un phénomène au-delà du raisonnable. La liberté réside dans le contrôle de notre esprit.
6- Votre esprit rationnel est votre plus grand atout
Les émotions altèrent souvent la réalité. Comme vu précédemment, la raison est le capitaine de votre être. Si vous laissez trop vos goûts et dégoûts vous diriger, vous prenez le risque d’arriver à une destination que vous n’auriez pas envisagée à l’origine.
Autres choses à retenir :
- Marc Aurèle témoigne sa gratitude à l’égard de toutes les personnes qui ont contribué à affiner son caractère. Ce qu’il est devenu, il le doit à nombre de personnes qui l’ont entouré, que ce soit son grand-père, ses parents, ses précepteurs ou sa femme. Il remercie son grand-père de lui avoir appris à être franc, modeste et d’humeur égale. Son père lui inculqua l’humilité, le calme et la frugalité. Sa mère lui enseigna la générosité et la vie non-matérialiste. Ses professeurs lui ont appris la valeur du travail acharné, de l’autodiscipline, de l’équanimité, de la rationalité, de l’humour et de la tolérance. De ses professeurs, il a également appris à aimer la philosophie pratique, plutôt que la métaphysique, la logique et la vanité des sophistes.
- Marc Aurèle invite à penser et parler de telle manière qu’on aurait pas honte si quelqu’un venait à être spectateur de ce que l’on dit ou pense. Il n’y a rien de plus précieux qu’un esprit qui poursuit la vérité, la justice, la tempérance, la force d’âme, la rationalité, etc. Soyez donc résolus dans la poursuite du bien.
- On peut trouver à tout moment refuge dans notre esprit si celui-ci est serein. Il est vain de vouloir prouver aux autres ce que l’on fait est vertueux. Un acte vertueux est vertueux en soi-même s’il n’est pas reconnu par les autres. Il est mieux de se contrôler à faire le bien et de ne pas prêter attention à ce que pensent les gens.
- La vertu est sa propre récompense. Il ne faut pas chercher à être récompensé pour les bonnes actions que l’on a accomplies.
- L’opinion que l’on a de soi est bien plus importante que l’opinion que les autres ont de nous. Être en accord avec soi-même est bien plus précieux que de plaire aux autres, c’est la condition nécessaire au bonheur.