Categories: Relations

Puisez dans vos souffrances pour comprendre celle des autres


On peut se rapprocher de quelqu’un parce qu’un moment de joie a créé un souvenir positif mutuel. Cependant, il n’est pas rare que ce n’est pas la joie qui nous unisse, mais plutôt l’expérience d’une souffrance partagée même si elle a été vécue dans un contexte différent. Pourquoi à votre avis la cigale et la fourmi ne peuvent pas être amies dans la fable de la Fontaine ? C’est simplement que l’expérience de l’austérité vécue par la fourmi est aux antipodes de l’insouciance dans laquelle la cigale s’est prélassée pendant l’été. Pourtant, si la cigale survit à l’hiver, il est probable que l’année suivante elle se sente plus proche de la fourmi pourvu qu’elle n’ait pas de rencœur contre elle. En effet, toutes deux auront subi une période de souffrance, l’une hivernale, l’autre estivale pendant laquelle elles auront appris à courber l’échine. Cette expérience similaire crée un terreau favorable à l’établissement d’un lien profond entre deux individus que tout semble opposer en apparence. 

L’expérience de la souffrance partagée est ce qui unit les gens lorsqu’on daigne ôter le voile qui couvre leur relation. Ceci explique pourquoi il y a une cohésion plus grande dans un groupe qui partage une histoire commune, que ce soit à l’échelle d’une nation ou d’une minorité. Le problème étant que l’on s’identifie exclusivement aux souffrances dont nous avons fait l’objet. Cette empathie sélective empêche de créer du lien avec des groupes différents. Pourtant, l’expérience de la souffrance est le point commun de tous les êtres vivants. 

Avoir la capacité de puiser dans nos propres souffrances pour développer de l’empathie à l’égard d’êtres qui sont différents de nous est la clef de la propagation d’une bienveillance universelle. Si nous sommes en mesure de ne pas systématiquement effectuer une hiérarchisation des souffrances tout en reconnaissant au plus profond de soi la douleur de son prochain, alors nous pourrons commencer à l’aimer parce que nos différences se seront estompées comme par magie. Cet autre que je vois ne sera plus dès lors que le reflet de moi-même, et qui d’autre que soi mérite le plus notre considération ?

Edward

Recent Posts

L’histoire de l’espagnol

I. Introduction générale et approche du livre L’espagnol, deuxième ou troisième langue mondiale selon les…

2 semaines ago

Si vous n’arrivez pas à expliquer votre travail à votre grand-mère ou à un enfant, c’est mauvais signe

Les choses les plus simples sont souvent celles qui ont, in fine, le plus de…

2 semaines ago

L’entraînement de l’esprit du samouraï : Un manuel de référence sur le Bushido

Les Fondements Philosophiques et Historiques du Bushido : Les Influences Culturelles Majeures Le Bushido, ou…

2 semaines ago

Lutter, c’est aussi faire preuve d’amour

L’amour, en tant que niveau de conscience, est systématiquement associé à la non-violence. Pourtant, ne…

3 semaines ago

“Guerre et Paix” de Léon Tolstoï

Introduction : Contexte général et objectifs de l’œuvre "Guerre et Paix" de Léon Tolstoï est…

3 semaines ago

Comment apprendre des erreurs des autres ?

Votre vie n'est pas assez longue pour apprendre uniquement de vos propres erreurs, c’est pourquoi…

3 semaines ago