Dans un monde où l’attention et les données personnelles sont captées à chaque instant, il convient d’avoir une réflexion sur les nouveaux paradigmes de la rareté.
Ainsi, reprenant l’adage “ce qui est rare est cher”, du moins au sens figuré, on peut raisonnablement se demander s’il faut voir, dans ce monde hyperconnecté, l’anonymat comme étant le parangon du luxe.
Avant de répondre à cette question, essayons d’entrevoir une certaine typologie de l’anonymat afin de mieux poser le contexte.
On pourrait distinguer trois situations dans lesquelles un certain degré d’anonymat se manifeste. Bien entendu cette classification est tout à fait discutable, néanmoins elle donne un cadre de compréhension favorable au raisonnement autour de cette question.
Celui de ceux qui n’ont même pas la possibilité d’avoir leurs données personnelles tracées. Il s’agit de personnes qui n’ont pas pu accéder aux nombreux services qu’offre la toile soit pour des raisons économiques, soit pour des raisons d’incapacité (retard technologique dû à l’âge par exemple). Cette catégorie d’anonymat tend à réduire du fait de l’enrichissement progressif des pays en développement et du vieillissement de la population – à savoir que les personnes âgées deviennent de plus en plus aptes à l’usage des nouvelles technologies -.
2. L’anonymat choisi et relatif
A mon sens, il s’agit de l’anonymat le plus répandu, il concerne la grande majeure partie de la population, c’est-à-dire les personnes qui font usage de leur téléphone ou des services d’internet tout en n’aspirant pas à être connues. Leurs données sont détenues sur les serveurs des GAFAM et autres plateformes de services en ligne tout en n’ayant pas de présence sur la toile dans un rapport d’influence vis-à-vis d’une communauté vouée à grossir – que ce soit au travers du blogging, vlogging et autres moyens d’influence -. Ces personnes entretiennent des liens avec des connaissances et amis via les réseaux sociaux tout ne recherchant pas la notoriété, leur usage est purement personnel.
3. L’anonymat brigué
Ce troisième type d’anonymat appartient à ceux détenant un grand capital financier, symbolique (un haut dignitaire, un membre d’une famille royale etc.) ou d’influence (quelqu’un ayant acquis une notoriété via son travail mais aspirant à l’anonymat et au respect de leur vie privée). L’anonymat brigué est plus rare car il ne s’applique qu’à une portion infime de la population. Pourtant, pour ceux auxquels il s’applique, l’anonymat revêt une valeur incommensurable. En effet, ceux qui peuvent prétendre à un anonymat brigué ont en quelque sorte le privilège d’avoir tous leurs besoins pourvus, cependant leur célébrité se révèle avoir plus d’inconvénients que d’avantages et même pour certains il s’agit d’une véritable calamité. L’anonymat brigué n’est pas en réalité pas un véritable anonymat, parce que de fait les gens auxquels il s’applique sont connus. Il est brigué parce qu’il s’agit en réalité d’une recherche permanente, d’une lutte contre des forces intrusives qui aspirent à percer les moindres recoins de leur intimité. L’anonymat brigué est un mouvement et non un état statique en soi.
Dans cette configuration, on comprend qu’après avoir atteint les plus hauts niveaux de la pyramide des besoins Maslow, on aspire à l’anonymat car la notoriété a un effet délétère sur notre vie et notre bien-être en général.
Toutefois, sommes-nous véritablement neutres ? Le choix de l’anonymat n’est-il pas une forme de résignation ?
L’anonymat pourrait être défini comme étant le renoncement à sa visibilité publique et par la même occasion au partage de nos idées et convictions. Les convictions peuvent bien sûr s’exprimer dans l’anonymat (le vote démocratique en est le plus pur exemple) néanmoins, en se mettant en retrait de la scène “publique”, on laisse la place à de potentiels adversaires idéologiques de prendre la parole et d’accaparer l’attention des gens. Autrement dit, choisir l’anonymat est une façon de mettre en retrait sa voix et laisse la voie libre à des opposants en tous genres.
N’avez-vous jamais entendu l’expression “majorité silencieuse” ? Cette tournure est contestable et elle a souvent fait l’objet de récupérations populistes, néanmoins elle riche de sens. Elle peut désigner cette masse de gens (appartenant à l’anonymat subi ou choisi) qui subissent en réalité l’influence d’un groupe à l’opinion minoritaire pourtant suffisamment puissant pour polariser l’opinion globale en sa faveur (les gens pouvant prétendre à l’anonymat brigué). Ainsi, il existe une guerre idéologique tacite à laquelle on choisit ou non de participer. Cependant, si l’on choisit l’anonymat, on accepte de fait de ne pas prendre les armes pour son camp et d’une certaine façon cela traduit la pensée d’Alexandre Dumas : “Une personne qui doute d’elle–même est comme un homme qui voudrait s’engager dans les rangs de ses ennemis pour prendre les armes contre lui–même.” L’anonymat n’est plus un choix, c’est une soumission aux plus influents.
Ainsi, devant les nouveaux paradigmes de la démocratie, le non-anonymat est semble-t-il devenu un devoir civique.
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