On aspire tous au bonheur, pourtant nous prenons des chemins différents pour l’atteindre et parfois nous tombons dans une impasse sans pouvoir ne serait-ce que toucher ce trésor que nous chérissons. Si l’on part du principe que le bonheur est une conséquence d’une vie passée à cultiver la vertu, il serait tout aussi nécessaire d’avoir une réflexion sur le vice afin de l’éviter. Bien sûr, tout le monde n’est pas forcément d’accord avec cette définition du bonheur, mais il faut bien poser un postulat afin de pouvoir avoir une réflexion sur cette idée de bonheur.
Le mot vice vient du latin “vitium” signifiant « défaut », « imperfection », « tare ». Le vice consiste à s’écarter de notre perfection, c’est-à-dire à insérer de la division, des troubles dans nos pensées, paroles ou actions. Le vice nous éloigne de notre idéal humain, de notre noblesse naturelle, de notre potentiel de beauté morale. Le vice est une invitation à corrompre notre essence divine pour nous détourner de notre grandeur. Que l’on fasse du tort en silence ou au grand jour, le vice imprègne notre être et nous rend moins “lumineux”. Il contamine notre aura et crée une discord qui peut s’apparenter au mal-être.
Rabelais disait : “science sans conscience n’est que ruine de l’homme”. Il aurait pu changer le mot “science” par “plaisir”. Une chose est certaine, c’est que le plaisir revêt aujourd’hui une dimension mercantile qui nous fait oublier la dimension morale qu’il devrait également défendre. Si bien sûr, les sociétés chrétiennes ont longtemps associé le plaisir à une forme de culpabilité sans forcément faire toujours preuve de nuance, la sécularisation des sociétés modernes rend le plaisir de moins en moins sujet à des critiques. L’hédonisme ambiant a du mal à toujours discerner le plaisir vertueux de celui qui se rapproche davantage du vice.
Pour faire simple, le plaisir où seule la dimension animale s’exprime devrait être proscrit. Plutôt que de nous élever, il nous avilit. Pour combattre cet écueil, il faut en quelque sorte pouvoir faire preuve de retenue et de mesure dans les actes qui paraissent servir notre dimension physiologique, ô combien nécessaire, au premier rang desquels l’alimentation.
Pour qu’il y ait de la noblesse dans le plaisir, il faut une forme de privation, de sacrifice, de mesure, finalement, c’est agir avec retenue et la tête froide. Concrètement, cela implique de mettre du cœur dans ce que l’on fait et de ne jamais perdre à l’esprit que nous sommes des êtres divins et que nos actions doivent témoigner de cette prise de conscience. Si vous agissez de telle sorte sont consacrées et solennelles et que vous laissez pas votre égoïsme prendre le dessus, alors vous vous approchez d’une attitude exempte de vice.
L’appât du gain désacralise les relations humaines car tout y est vu sous l’angle du profit. Quand on recherche le gain à tout prix, on met bien souvent de côté les considérations morales. Il n’y a pas de mal à vouloir gagner sa vie, mais le problème se pose quand l’éthique passe au second plan.
Vouloir s’enrichir coûte que coûte nous conduit à voir le monde de manière transactionnelle, sous l’angle de la perte et du profit. Ce faisant, on oublie notre dimension honorable. On néglige notre partie divine parce qu’on donne plus d’importance à la matière.
L’âme est notre dimension la plus subtile. Une âme, pour s’épanouir a besoin de s’incarner dans un corps qui sanctifie ses actions ou du moins qui accorde de l’importance au sacré. En négligeant le sacré, le noble ou le divin, l’âme se sent mal à l’aise et elle quitte pour ainsi dire le corps de celui qui la possédait. “Perdre son âme” est sans doute une expression littérale : lorsque vous agissez trop de manière immorale, votre âme ne peut plus le supporter et elle “vous quitte”. C’est pourquoi, il n’est pas rare de voir que ceux qui donnent trop d’importance à l’argent ou même qui ne vivent que pour l’argent auront tendance à se comporter comme des automates. Leur comportement est prévisible, ils sont mus exclusivement par la recherche d’un avantage ou d’un profit. Il n’est donc pas étrange de penser qu’on est face à des robots.
Les gens font du tort aux autres bien souvent parce qu’ils ne sont pas heureux. Nuire aux autres est pour eux un moyen de tirer une forme de satisfaction, de prendre de l’énergie, la même qu’ils sont incapables d’aller chercher ailleurs sainement. Cette manière de faire est pernicieuse et il y a une voie plus pérenne qui consiste à se connecter à la “source”, à l’univers.
Sans le savoir, ceux qui perpétuent le mal sont dans l’ignorance du bien et n’ont jamais réussi à se rapprocher de manière durable de l’énergie céleste. Cette incapacité est fréquemment associée à une forme de paresse : l’acédie, c’est-à-dire la paresse spirituelle. Pour pouvoir agir de manière bienveillante avec le monde qui nous entoure, il faut rechercher son propre bonheur de manière saine. Une fois fait, vous agirez comme la flamme d’une bougie, vous pourriez éclairer par votre lumière et réchauffer par les émanations de votre lueur.
Lorsque vous n’arrivez pas à vous reconnecter à votre source, à trouver la sérénité, vous pouvez considérer que vous êtes un peu toxique pour les autres, soit par la tristesse, l’apathie ou l’agressivité que vous pourriez dégager. Personne n’est parfait, on est tous toxiques d’une manière ou d’une autre pour quelqu’un de plus “élevé” que nous. Ne vous lamentez pas, plutôt que de penser que vous êtes toxique et de culpabiliser, essayez malgré tout de diffuser l’amour que vous avez en essayant sincèrement de vouloir le bien des autres. Ce faisant vous allez enclencher un cercle vertueux qui vous sera bénéfique pour votre changement.
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