Nous aimons nous délecter des plaisirs du corps, sauf que notre corps a plusieurs dimensions dont chacune se caractérise par son niveau de subtilité (corps émotionnel, corps bouddhique, aura etc.).
On pourrait dire que la spiritualité est comme l’œnologie. Le but de l’œnologie est d’éduquer notre bouche (c’est-à-dire la langue, le palais), notre vue et notre odorat afin de reconnaître puis d’apprécier les bons vins, un peu comme les parents qui amènent leurs enfants au musée afin qu’ils s’éduquent en matière de beauté et d’art. La science spirituelle a pour but de nous apprendre à nous laisser nous diriger par notre âme, c’est-à-dire notre dimension la plus haute. La plupart du temps, nous nous laissons diriger par les dimensions inférieures de notre être : le corps physique (luxure, convoitise voire prédation, etc.), le corps émotionnel (peur, avidité etc.) et nous ne faisons pas toujours appel à des qualités plus nobles qui sommeillent tous en nous.
L’âme, c’est votre conscience profonde, c’est elle qui sait distinguer le bien du mal. C’est elle qui vous enjoint parfois à agir alors même que votre raison ou vos émotions vous indiquent le contraire. Pour écouter son âme, il faut déjà admettre qu’elle existe et qu’il est nécessaire de s’ouvrir à elle. L’âme se manifeste lorsque nous nous sommes préparés au mieux, c’est-à-dire que nous avons maintenu un certain degré de pureté afin qu’elle se sente bien.
L’âme a besoin d’un réceptacle et c’est la pureté qui va garantir au mieux son expression. Il existe la pureté du corps (la propreté), la pureté émotionnelle (les émotions positives), la pureté intellectuelle (les idées constructives) et la pureté bouddhique (la qualité des actions que nous réalisons au quotidien). Plus l’ensemble de ce réceptacle qu’est notre être est pur, plus notre âme se manifestera de manière évidente en nous. Nous pouvons renforcer notre pureté intérieure par la prière et la méditation par exemple.
Étant donné que l’âme est notre dimension la plus subtile, il serait normal de la laisser nous guider dans tous les choix de vie à commencer par ce qui nous apporte du plaisir. Au lieu de chercher par exemple à bien manger, l’âme chercherait à accomplir des actes nobles. Ce sont en effet eux qui apportent plénitude et contentement.
Il existe plusieurs façons de renforcer la prééminence de l’âme dans notre existence. Une manière radicale mais efficace est l’ascèse. Elle consiste à se priver volontairement de plaisir du corps afin d’éveiller les plaisirs de l’âme. Il existe ainsi plusieurs degrés et formes d’ascèse qui sont observables. Elles peuvent être cumulées ou pratiquées séparément. Voici quelques pratiques ascétiques que vous pouvez expérimenter :
– le jeûne : il a pour but d’habituer votre corps à être vide en quelque sorte, afin qu’il puisse se remplir d’une lumière. Ce faisant, quand votre estomac est vide, vous pouvez donner plus de place à votre âme. Vous allez progressivement voir des choses que vous ne soupçonniez pas auparavant en vous adonnant au jeûne qu’il soit intermittent ou complet.
– la retenue sexuelle : il s’agit de garder le fluide séminal dans ses gonades (pour les hommes) ou s’abstenir de relation sexuelle pour les femmes. Le fait de maîtriser son corps par l’abstinence sexuelle permet de préserver une grande quantité d’énergie qui peut ensuite est consacrée à la vie spirituelle, celle-ci consommant en effet également beaucoup de nos forces.
– la vérité : prendre l’habitude de dire systématiquement la vérité en ne tenant pas compte des conséquences personnelles est un gage de fidélité spirituelle. En effet, la vie spirituelle peut se résumer à la recherche de vérité. En pratiquant la sincérité au quotidien, on se rapproche de l’idéal spirituel.
– le détachement matériel* (cf. plus bas) : un moyen de se défaire de son imprégnation dans le monde physique est de cultiver un réel détachement vis-à-vis des objets. Concrètement, il peut s’agir de faire preuve d’une générosité sincère ou encore de vivre avec peu, pourquoi pas en cultivant un mode de vie minimaliste.
Il existe bien sûr d’autres formes d’ascèse, à vous de les découvrir et de voir celles qui vous conviennent le mieux.
La plupart des maux actuels sont liés au tourment des âmes humaines. Que ce soit en matière de destruction de la nature ou des conflits armés, il s’agit avant tout d’un déficit en matière d’une expression des qualités de l’âme. L’avidité et la violence sont symptomatiques d’un individu qui n’a pas appris à contenter son âme. Lorsque c’est l’identité physique ou matérielle qui prend le dessus, l’être humain commet les pires exactions.
À l’inverse, quelqu’un qui a appris à vivre en servant les plaisirs de son âme, ne sera jamais un fardeau ou une menace pour les autres. L’âme a besoin de peu d’un point de vue matériel, pourtant c’est à travers l’âme qu’on expérimente les joies les plus intenses.
Le mot extase (du latin ecstasis emprunté au grec ἔκστασις, ékstasis « transport » ) désigne le ravissement d’esprit qui, par une contemplation intense, transporte un être hors de la vie des sens. L’extase est d’essence spirituelle et il est regrettable que ce mot ait pris un sens sexuel dans le langage commun. Le but de tout un chacun est de pouvoir vivre l’extase au quotidien, fruit d’une contemplation du divin, elle-même la résultante d’un effort constant entrepris pour dompter ses pulsions et dépasser la seule dimension physique de l’être. Les bébés viennent au mode avec une capacité à s’extasier de tout. À l’âge adulte, nous devons apprendre à retrouver cette capacité à s’extasier, à travers l’ascèse ou d’autres formes de discipline spirituelle.
Quand on veut choisir un métier ou une vocation, on est souvent démuni. On cherche à trouver qu’est-ce qui nous remplira le plus, qu’est-ce qui nous apportera le plus. En réalité il faut penser de manière inverse. Tout ce qui mérite d’être vécu sur terre résulte d’un acte de sacrifice, de don de soi. On n’est jamais satisfait que lorsqu’on a donné.
Il existe plusieurs degrés de bonheur. Pour dire les choses de manière simplifiée, il y a un bonheur égoïste et un bonheur altruiste. Le bonheur altruiste étant supérieur au bonheur égoïste. Pourquoi est-ce ainsi ? Pourquoi le fait de prendre du plaisir à donner est supérieur au plaisir de recevoir ?
L’acte de recevoir implique généralement la jouissance physique, la satisfaction hédoniste ou narcissique. Quand on donne, on se dépossède de quelque chose, mais si on le fait avec sincérité et à cœur ouvert, on obtient une compensation dans notre âme. La jouissance de la dépossession et du sacrifice implique une contrepartie morale. Les lois de la nature sont imparables, comme les équations en chimie. Ce qui est à droite de l’équation se retrouve à gauche de l’équation d’un point de vue atomique, bien que les molécules soient différentes. Il en va de même pour les actes de recevoir et donner : ce que l’on perd d’un point de vue matériel on le récupère du point de vue de l’âme, si l’acte est accompli avec joie.
Si bien sûr l’acte de donner est supérieur à l’acte de recevoir c’est qu’il existe une hiérarchisation des dimensions de l’être. Le corps physique a une importance mais il est subordonné aux autres aspects de notre être que sont par exemple l’âme ou l’esprit. Ceci est vrai parce que l’âme est permanente contrairement au corps. En outre, si vous deviez choisir, il est préférable d’avoir une bonne âme ou un esprit fort plutôt qu’un corps fort. Bien sûr, un corps sain aide à accueillir dans les meilleures conditions votre âme.
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