par acha, de Libertarianisme.fr
Branle-bas de combat ! Tout le monde sur le pont ! Les femmes et les enfants d’abord pour avoir des allocations ! Les robots arrivent et vont voler notre travail !
On entend partout ces temps-ci que les robots, ou programmes informatiques, vont faire disparaître la plupart des métiers. La moitié de la population se retrouverait au chômage et la seule solution serait une allocation universelle massive.
La moitié de la population vivrait alors sur cette allocation car elle serait incapable d’échanger son travail contre celui des ingénieurs, seuls à garder un travail commercialisable car ils créent et programment les robots. Autrement dit, le vieux système « les hommes échangent leur travail » qu’on appelle l’économie de marché devrait céder sa place à « chacun selon ses possibilités à chacun selon ses besoins » : en un mot, le communisme.
Répondons ici à 5 des arguments les plus fréquents quand on parle d’automatisation/robotisation.
On pense souvent que les métiers avec les salaires les plus modestes vont disparaître car ils sont peu qualifiés, et donc facilement remplaçables par des robots ou des ordinateurs. On voit l’ouvrier qui travaille à la chaîne remplacé par un robot mécanique, à l’opposé de l’ingénieur qui conçoit ces même robots de demain.
Autrement dit, on pense que les robots vont remplacer des métiers de plus en plus qualifiés, car ils deviennent de plus en plus intelligents. Mais en réalité les robots et les humains ne sont pas « intelligents » de la même manière du tout.
Les robots savent très bien faire :
Mais ils sont très mauvais quand il s’agit de :
Dans les métiers de la seconde catégorie, le robot est très inférieur à l’homme, à l’enfant et même à l’animal. Exemple : votre maison est en travaux, des matériaux et outils jonchent le sol. Un chat va traverser la pièce en quelques secondes, un robot va trébucher sur chaque objet et finir lamentablement à terre ou bloqué.
L’homme et l’animal ont évolué pour survivre dans la nature. Pour cela il faut avancer sur un sol irrégulier (le carrelage ou le macadam ne sont pas des environnements naturels…), éviter des obstacles (arbres, buissons, etc.), reconnaître les intentions sur les visages des humains et des animaux (cet humain va-t-il m’attaquer, ce tigre me regarde-t-il ?), prédire les positions futures des choses qui bougent (où dois-je viser avec ma lance pour atteindre cette antilope qui court ?). En revanche, faire des multiplications rapidement ne fournit aucun avantage de survie.
Alors que conclure de tout cela ? Avant d’avoir des ordinateurs et robots à notre service, nous devions faire les tâches adaptées au humains mais aussi les tâches adaptées à la machine, pour lesquelles nous étions plutôt mauvais. Mais les robots ne sont pas prêts de remplacer le plombier, l’électricien, le coiffeur, le serveur, l’infirmière, le barman, l’avocat, le vendeur ou même l’ouvrier dans le bâtiment. À l’inverse, les métiers où le travailleur reste assis sur une chaise toute la journée et ne fait que traiter de l’information sont plus menacés : le comptable, le trader, l’agent d’assurance, bibliothécaire, etc.
Les métiers menacés ne sont donc pas nécessairement les métiers aux revenus les plus modestes. Ce n’est donc pas une différence de type « lutte des classes » avec d’un côté les ouvriers sans travail et de l’autre les riches qui se gavent de l’argent gagné grâce aux robots.
« Bon, d’accord, ce n’est pas les métiers les plus modestes qui vont disparaître. Mais cela n’empêche qu’il y a quand même la moité de la population qui se retrouvera au chômage non ? »
Pour répondre, il faut se souvenir qu’il y a un siècle, environ la moité de la population vivait de l’agriculture. Pourquoi n’y a-t-il pas déjà la moité de la population au chômage alors ?
Pour comprendre, il faut arrêter de raisonner à l’envers. Trouver un travail n’est pas comme rechercher une ressource rare. Le temps est rare, le pétrole est rare, l’or est rare, mais les choses à faire ne sont pas rares. Si vous échouez sur une île déserte, vous ne vous direz pas « Vite – comment je vais faire pour trouver un travail ? ». Quand on raisonne dans le bon sens, on voit qu’en fait, l’homme avait besoin pour se nourrir de passer la moitié de son temps dans la production agricole. L’amélioration de l’agriculture a permis d’utiliser moins de temps humain. L’homme a alors pu se consacrer à d’autres choses moins prioritaires pour sa survie. Et ce sont ces choses qui ont remplacé l’agriculture dans l’économie. Aujourd’hui par exemple, on installe des panneaux solaires sur les toits, ce qu’on ne faisait pas il y 20 ans. On cherche aussi à avoir un mode de vie plus écologique, ce qui va nécessiter à nouveau du travail humain.
L’être humain est d’une créativité sans limite, et le temps supplémentaire qu’offrira la robotisation permettra aux gens de vivre de leurs passions, ou d’inventer de nouveaux métiers dont on ne peut même pas deviner la teneur aujourd’hui. Aurions nous deviné il y a 100 ans que les métiers d’acteur de cinéma, d’informaticien ou encore designer en art digital existeraient un jour ?
Mais me direz-vous, avec quel argent va-t-on payer tous ces métiers nouveaux ?
En fait il faut bien voir que si par exemple la production agricole nécessite 10 fois moins de travail aujourd’hui, cela signifie qu’il y a 10 fois moins de salaires à payer, et donc que les prix sont 10 fois plus faibles. Aujourd’hui, l’alimentation ne représente plus que 20% de notre budget. Avec l’argent économisé, les gens ont acheté des nouveaux produits et services qui ont conduit à l’apparition de nouveaux métiers. C’est le même phénomène qui se produit aujourd’hui.
Si la moitié du travail est automatisé, on pourra garder le même niveau de vie en dépensant 2 fois moins. Mais imaginons que nous ne savions pas quoi faire avec la moité restante de notre argent et que nous n’ayons « besoin de rien d’autre ». Il est peu probable que ce cas arrive, mais quand bien même ce serait le cas, cela n’entrainera pas nécessairement que la moitié de la population sera au chômage.
Imaginons un homme, Martin, dont le travail n’est pas remplacé par un robot, qui dépense maintenant 2 fois moins pour avoir les mêmes choses qu’avant, grâce à l’automatisation. Mais Martin n’a pas envie d’acheter de nouvelles choses avec la moitié de l’argent qu’il lui reste. Alors Martin décide de travailler 2 fois moins car ce sera moins fatiguant. L’entreprise où il travaille aura alors besoin d’un autre employé, Henri, qui fera l’autre moitié du travail. Et justement l’ancien travail d’Henri avait disparu car il avait été automatisé.
Cet exemple montre que, même si on « ne trouvait rien » de nouveau à faire, on pourrait alors se contenter de travailler tous 2 fois moins. Nous ne deviendrions pas pauvres pour autant, puisqu’il y aurait besoin de 2 fois moins de travail pour avoir le même niveau de vie. Dans la réalité, c’est probablement un mélange des 2 cas qui se produira : à la fois des nouveaux métiers et un travail moins intensif ou moins fréquent.
Mais où sont les voitures volantes ? Il y a 30 ans, tout le monde était convaincu qu’en l’an 2000, les voitures volantes seraient partout, et les robots nous serviraient au quotidien.
Il faut voir qu’entre une modèle de démonstration en laboratoire, l’industrialisation et l’utilisation à grande échelle, il peut s’écouler plusieurs années.
Pour vous donner une idée, prenons une échelle de 1 à 100 de l’intelligence des robots. À 1 on a la calculatrice et à 100 on a le robot conscient. On est aujourd’hui quelque part autour de 5, avec le robot qui passe l’aspirateur, ou qui peut conduire une voiture sur une route pas trop compliquée. À 10 on a le robot comptable, à 20 le robot serveur capable de se déplacer correctement dans un restaurant et de transporter les plats (mais pas de comprendre les émotions des clients…).
Beaucoup de gens exagèrent la vitesse de ce changement, soit parce qu’ils travaillent dans des laboratoires de recherche fondamentale et ne comprennent pas que du laboratoire à l’usine il y a des années de transition, soit parce qu’ils exagèrent les progrès de l’intelligence artificielle pour vendre leur produit ou des actions de leur entreprise. Ils veulent faire croire qu’ils vont nous faire passer de 5 à 40 sur l’échelle dont je parlais, alors qu’en fait ils ne peuvent passer que de 5 à 6. Les journalistes relayent alors les informations, parfois en en rajoutant encore, et au final on a l’impression que les robots sont presque au niveau 100 alors qu’on n’est même pas encore à 10.
Il n’est d’ailleurs pas garanti du tout qu’on atteindra un jour le niveau 100. Il est plus facile de faire faire certaines tâches par des humaines que de construire des robots hyper-sophistiqués pour les accomplir. Quant aux robots doués de conscience, il s’agit pour le moment d’un pure fantasme (ou cauchemar ?) de science fiction.
« Si Henri est devenu comptable à 20 ans, mais qu’à 40 ans son métier disparaît, il ne pourra pas apprendre un nouveau métier. »
Ce raisonnement est faux : Il existe à l’heure actuelle des dizaines (pour ne pas dire des centaines) de sites, de MOOC, de cours gratuits sur Internet grâce auxquels on peut avoir des connaissances équivalente à celles d’un diplôme qualifié dans à peu près tout. Si Henri désire devenir informaticien, il peut suivre les cours de Codecademy ou du Wagon, s’il veut faire des bijoux à la main et les vendre en ligne, des centaines de tutoriels sont disponibles sur des sites de vidéos. La quasi-totalité de la connaissance humaine se trouve sur Internet, et ce phénomène est certainement voué à s’intensifier au cours des prochaines années.
Les êtres humains ont su s’adapter à des changement bien plus brusques que ceux d’un changement de métier, et apprendre est toujours possible. La robotisation permettra à la plupart des métiers pénibles de disparaître. On n’entend personne aujourd’hui rêver du travail à la chaîne ou du travail de secrétaire. Cela conduira à une amélioration globale du confort et de la qualité de vie de l’humanité, et à des possibilités de carrières infinies.
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