Categories: Business

L’économie de la singularité

Quand vous êtes unique vous êtes une évidence

Voici pourquoi vous aurez tout intérêt à approfondir ce que vous êtes plutôt que d’essayer d’être comme les autres.

L’économie de la singularité apparente

Le monde s’éloigne peu à peu du paradigme industriel qui voyait en la similitude le bien absolu. Si l’idée d’être différent s’est imposée progressivement dans un marché de plus en plus saturé, cette nécessité ne procédait pas d’une singularité naturelle mais plutôt d’un désir de différenciation face à une contrainte externe. Sous une apparente dissemblance, les entreprises utilisaient les mêmes processus, les mêmes méthodes avec des employés formés dans les mêmes écoles pour commercialiser des produits fabriqués dans les mêmes pays. Ce phénomène participe de la socialisation qui voit la singularité humaine se fondre dans le moule social afin d’y trouver notamment sécurité et possibilité de procréer.

Le monde de demain sera bâti sur la singularité réelle

Si aujourd’hui nous en sommes à un paradigme de singularité de façade, le monde qui vient donnera réellement sa place à l’authenticité. Il n’existe pas de meilleur moyen de se démarquer à l’ère de l’économie de la singularité que de résolument travailler à devenir soi-même. À l’heure où les IA font leur entrée par la grande porte, il n’y a pas d’autre option que de devenir la meilleure version de soi au risque sinon d’être devancé par des entités capables de rivaliser d’ingéniosité pour donner l’illusion de la singularité via des procédés dont les IA sont les seules pour le moment à avoir le secret.

L’économie de la singularité

L’économie de la singularité s’inscrit à contre-courant de la tendance actuelle. L’idée est de recourir le moins possible aux IA qui déshumanisent et peuvent mener à une uniformisation par la prolifération de contenus qu’elles offrent notamment. Au contraire, il s’agit de permettre aux humains de se connecter véritablement à d’autres humains. Ce n’est qu’en étant le plus soi-même qu’on arrivera à permettre aux autres d’assouvir le plus possible ce besoin. Si on devait donner un synonyme le plus proche de singularité, ce serait peut-être la notion d’authenticité. Ce qui permet à deux humains de se connecter, c’est la possibilité d’une expression réelle de leur vraie nature.

La vulnérabilité comme voie vers l’authenticité

Si l’authenticité est un concept difficile à saisir et à matérialiser parce quelque peu abstrait et propre à chacun, il existe une valeur plus concrète et indéniablement propice à sa matérialisation. Il s’agit de la vulnérabilité. L’authenticité se matérialise via l’expression de notre vulnérabilité. Être vulnérable consiste à prendre le risque de ne pas faire comme les autres, d’exprimer sa différence quitte à être rejeté. C’est par souci de sécurité et donc par une forme de peur que nous décidons le plus souvent de prendre les apparences d’un autre. Ne voulant pas être écartés du groupe humain, nous tendons à montrer un visage lisse et quelque peu terne. Ce faisant, nous pouvons potentiellement imiter ce que font déjà les IA et donc perdre notre singularité aux yeux des autres humains.

La nécessaire désintermédiation

S’il existe une prééminence des IA, c’est qu’il y a avant tout une prééminence des intermédiaires par lesquels nous communiquons et interagissons. C’est parce que nous avons cessé de communiquer majoritairement par voie directe avec des humains que les IA ont pris de l’importance. Si nous opérons à une modération voire un arrêt complet de l’intermédiation, les IA cesseront d’occuper cette place dominante.

À quoi ressemblera l’économie de la singularité ?

Ce concept ne dissociera plus l’entrepreneur de sa création. Nous assistons déjà à cela via ce qu’on appelle le « personal branding ». Ce concept est la première étape vers une notion beaucoup plus englobante. Si le personal branding est une étape importante, elle n’en reste pas moins qu’une étape dans la progression de l’économie vers la singularité. La croissance de l’entreprise à l’ère de l’économie de la singularité est à mettre en parallèle de la croissance personnelle. Quelqu’un qui progresse en tant qu’individu fera progresser inéluctablement son entreprise selon ce modèle. L’économie en elle-même se distinguera par une extrême différenciation. Bien sûr, ce modèle s’appliquera dans un premier temps à des secteurs particuliers comme la formation ou l’artisanat mais il s’étendra progressivement à tous les secteurs. Ce qui paraît le plus surprenant, c’est qu’il s’appliquera à des commodités qui n’ont pas vocation à être associées à la notion de singularité. Vous n’allez ainsi plus à une quelconque station service pour faire votre plein, vous irez chez « Brian » dont vous connaissez les valeurs et qui offre un service impeccable à ses clients. Vous allez sans doute me dire que c’est déjà le cas mais laissez-moi vous en dire plus.

La scission entre les bastions de l’IA et ceux des humains

L’exemple précédent de la station service n’est sans doute pas des plus pertinents. Ce qu’il se passera, c’est qu’on assistera à une division sans doute brutale de l’économie, l’une où les humains en auront été chassés, l’autre où ils continueront d’œuvrer et sans doute un espace qui laissera place à une hybridation entre ces deux entités. Cette séparation sera aussi traduite par une typologie différente de profils professionnels. Il y aura ainsi les travailleurs compatibles avec les IA qui tireront profit – sans doute qu’à court-terme – de leur relation avec les IA – avant d’être vraisemblablement remplacés – et ceux qui seront incompatibles avec les IA mais qui continueront de travailler car leur métier de leur impose pas de collaborer avec les IA. Je devrais citer sans doute une troisième catégorie qui se composera de chômeurs, c’est-à-dire de toutes ces personnes que les IA auront sans doute déjà remplacées. Il n’est semble-t-il pas nécessairement le plus stratégique d’opter pour une carrière qui se base sur la complémentarité avec les IA car je crains que tôt ou tard elles ne trouvent un moyen de remplacer ces mêmes employeurs (ex : les mathématiciens ou les analystes qui sont déjà surpassés par rapport aux prouesses de l’IA, leurs hauts salaires devraient les conduire à une résurgence de l’IA dans leurs métiers).

Les IA ou l’industrialisation de l’intelligence

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’IA est une industrialisation de l’intelligence de même que les usines au 19e siècle ont constitué une industrialisation du travail humain. Il y a quelques années seulement, on n’aurait pas pensé qu’une telle chose eût été possible. L’intelligence qui avait avant de la valeur est aujourd’hui devenue une commodité. Que faire si les idées et le travail cognitif ne valent plus grand chose ? C’est une question pour ainsi dire existentielle pour notre génération et que nous devrons nous atteler à répondre si on veut tirer son épingle du jeu pour les années qui viennent.

Edward

Recent Posts

Plutôt que d’apprendre à repousser vos limites, acquérez de nouvelles habitudes

Repousser sa zone de confort est un thème courant du développement personnel. Son origine remonte…

2 mois ago

Penser comme Aristote

Comment cela se fait-il que les philosophes grecs restent encore aujourd’hui populaires dans notre monde…

6 mois ago

De la contradiction naît la complexité

La simplification est l’œuvre de génies ou de simplets. Ce qui me frappe le plus…

6 mois ago

Le communisme ou la volonté de partager ce qu’on n’a pas

Les étudiants sont communistes, les travailleurs socialistes et les gens mariés sont capitalistes Un communiste…

7 mois ago

Les riches recherchent ce qui ne peut pas s’acheter

Beaucoup veulent obtenir une pensée d’abondance pour devenir riche. Historiquement, les riches roturiers, autrement dit…

7 mois ago

Si vous êtes en recherche, votre misère ne vous afflige qu’à moitié

Il n'y a que les poissons morts qui suivent le courant... Nous nous plaignons tous…

7 mois ago