La vie est devenue une « bucket list “, une liste de choses à faire avant de mourir comme sauter en parachute, caresser des dauphins, gravir les montagnes de l’Himalaya. Faut-il se réjouir d’une telle société qui n’est pas à court d’imagination quand il s’agit de planifier ses prochaines vacances ?
Nous sommes définitivement entrés dans l’ère de la société de loisir, du moins pour une partie de l’humanité. Les gens ont plus de temps et un meilleur pouvoir d’achat. Ceci leur permet donc de se lancer des défis afin de combler un vide qui ressemble gravement à une perte de sens.
Nous n’avons pas plus de grands narratifs collectifs qui, même s’ils écrasaient quelque peu les gens, avaient l’avantage de conférer un peu de modestie. Aujourd’hui, nous avons tous besoin d’être unique, nous ne supportons pas de ressembler à un autre. Peut-être parce qu’on ne se réalise plus dans son travail, on a besoin de trouver une identité différenciante dans notre temps libre. Les réseaux sociaux ont rendu cette quête d’unicité possible en nous permettant de nous mettre en scène dans des décors aussi époustouflants que répétitifs. Cette soif d’unicité nous a fait perdre notre authenticité. Les réseaux sociaux nous ont transformés en une armée de clones avec notre plus pur consentement.
Être spécial ne se trouve pas dans la course effrénée pour renforcer notre ego mais en allant au plus profond de nous pour y trouver notre authenticité.
La singularité ne se cultive pas en accumulant des autocollants sur la carrosserie de sa voiture ou en cherchant les meilleurs spots Instingrammables pour y prendre les meilleurs clichés. La vraie singularité résulte d’une quête d’authenticité. Les recherches narcissiques ne débouchent que sur des découvertes superficielles de notre vraie nature.
Puisque nous sommes des êtres sociaux, notre envie de plaire est tout aussi liée à notre envie d’être intégré dans les groupes humains. Adhérer à la société, c’est oublier un peu de ce que l’on est pour gagner en sécurité et confort, deux bienfaits parmi tant d’autres de la socialisation. Pousser à l’extrême dans cette quête de reconnaissance sociale, on peut tout simplement oublier ce dont nous étions fait et adhérer totalement au moule social qui nous est proposé. Pourtant, à l’heure de vouloir se présenter au monde comme un être unique, il ne suffit que de puiser au fond de soi pour y trouver la vraie source de notre singularité.
Il est plus facile d’acheter un billet pour faire le tour du monde que de partir faire le tour de soi. Les vrais changements prennent du temps et ils se manifestent à l’intérieur bien avant d’être visible à l’extérieur. Il est plus facile de se prendre en photo à côté d’un enfant pauvre au cours d’une semaine « humanitaire » dans un pays en développement pour montrer sa grandeur d’âme que de faire véritablement grandir notre compassion dans l’intimité et la pudeur.
Les quêtes de plaisirs et satisfactions extraverties ne donnent que des résultats décevants au bout du compte. Pour initier le vrai changement moteur d’une réelle quête d’authenticité, il faut se confronter à l’épreuve du temps.
Une quête holistique qui prend du temps
Il existe 5 niveaux de changement, correspondant chacun à un verbe et un degré de transformation.
La seule bucket list qui vaille la peine d’exister serait seulement composée d’adjectifs correspondant au verbe “être”. Par exemple, vous pouvez décider de devenir une personne généreuse, bienveillante, honorable etc. Ensuite, à partir de cette liste d’adjectifs, vous allez définir une série d’actions correspondantes. Ces actions, qui relèvent du verbe “faire”, vous allez définir des mots d’encouragements, ou des phrases que vous allez prononcer pour imprimer dans votre esprit les actions que vous souhaitez réaliser, par exemple “j’agis avec intégrité peu importe les situations”. Enfin, vous pouvez penser à d’autres idées que vous souhaitez incarner. C’est pourquoi penser est à la fois le début et la fin de tout projet de transformation personnelle. Vous allez devoir réfléchir de temps à autre sur l’identité que vous vous construisez de telle sorte qu’elle évolue avec le temps et qu’elle dépasse les niveaux que vous aurez définis préalablement.
Alors oui, on peut dire qu’il peut être nécessaire d’avoir des objectifs pour être heureux. Néanmoins, la nature de ces objectifs importe beaucoup. Si vous souhaitez vivre avec le verbe “être” (pour “être heureux”), il faut se débarrasser du verbe “avoir” et faire des verbes “penser”, “parler” et “faire” vos serviteurs.
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