Categories: Spiritualités

L’insulte silencieuse

Lettre à certaines personnes que je croisais, dans la rue, dans le métro etc.

Chère Madame, cher Monsieur,

Je ne vous connais pas et vous ne me connaissez pas non plus, pourtant dans votre regard, tout semble dire le contraire. Vous ne me regardez pas totalement dans les yeux, mais vous épiez chacun de mes mouvements. Au moindre pas ou geste de ma part, vous vous accrochez à votre sac et vos effets personnels, comme si j’avais le pouvoir de les arracher à distance. Votre peur à mon encontre projette en moi un trouble, un doute. Suis-je bien la personne que vous semblez tant craindre ? Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais cette être qui pouvait inspirer autant d’effroi. Cette peur que vous projetez crée un malaise entre nous. J’ai beau rester calme, je suis comme paralysé. Je ne sais pas où me mettre, j’ai l’impression de gêner. Dans ma tête, je ne peux plus faire le vide, je n’ai qu’une envie, c’est de quitter cette situation inconfortable. Dans ma journée, vous êtes des dizaines à me lancer ce regard, je finis par me dire qu’il y a quelque chose qui cloche chez moi. Ces confrontations répétées, me rendent triste car elles creusent un peu plus la distance entre nous. Ma bienveillance à votre égard est suspecte, alors je me ferme et je compte les minutes qui me séparent de mon arrêt final. Parfois, une certaine colère monte. Je me dis que je ne mérite pas d’être regardé avec tant de suspicion. Pourtant m’énerver, vous donnerez raison. Alors, je n’ai trouvé comme parade que me rappeler de dieu. Vous me condamnez au premier regard sans aucune forme de jugement. Ma seule réponse est de vous pardonner encore et toujours.

Dans vos yeux, il y a comme une insulte qui me fait mal et qui dresse entre vous et moi un mur invisible. Vous n’avez pas besoin de parler, je comprends tout dans votre regard. Vous ignorez qui je suis, ce que je pense, d’où je viens, même si vos yeux disent le contraire. Par votre attitude, vous manifestez un mépris, une haine envers l’image que je renvoie. Mais mon apparence n’est que l’infime partie de ce que je suis. Votre cœur est fermé, si je ferme le mien, vous aurez alors gagné. Vos préjugés je dois vous les pardonner et peut-être qu’avec le temps vous me regarderez autrement.

Edward

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